Mon premier harcèlement de rue

Il est 18h30, je sors du boulot et je traverse la gare pour attraper mon tram. Il pleuviote, je marche vite. Juste au sortir de la gare, un gars étend les bras dans ma direction, fait un pas, et déclame :

— Ooooh ! Mon rayon de soleil !

Je ne réagis pas et continue de marcher d’un bon pas.

Et j’entends, pas très distinctement, derrière moi :

— Salope !

Un peu plus loin, une phrase dont je n’ai compris que « ta culotte », deux fois.

Voilà. C’était mon premier harcèlement de rue, là, juste à l’instant, ce soir. J’en ai souvent parlé, du harcèlement de rue, j’ai relayé des témoignages sur Twitter, sur ce blog aussi, mais j’avais eu la chance de ne l’avoir jamais vécu (bon, j’ai eu un « tu veux pas sucer mon copain ? » par des abrutis en voiture ya des années, maintenant ça me revient).

Sur le coup, je n’ai rien fait, rien dit. Et avec une heure de recul, je me demande ce que ça me fait. Pour l’instant : rien. Parce que c’est nouveau, peut-être. Parce que je ne suis pas sûre d’avoir bien entendu (ça se retrouve dans beaucoup de témoignages : « Attends, il m’a dit quoi, là ? Nan, j’ai dû rêver, ou mal entendre… », et ça s’accompagne d’auto-culpabilisation).

J’aurais aimé réagir. Je crois que j’ai ralenti un instant en entendant « Salope », mais une partie de moi disait « Avance, surtout ne te retourne pas, ne fais ton héroïne, prends ton tram et rentre chez toi. ». Ben je suis rentrée. Mais j’aurais aimé faire volte-face, aller vers lui et lui dire ses quatre vérités. Lui dire que sa technique de drague est pourrave (ah ben c’est sûr que quand tu traites quelqu’un de salope ça la rend immédiatement folle amoureuse, c’est bien connu). Qu’il est un connard, peut-être ? Non, je suis pas comme ça, je n’insulte pas les gens sans raison – sauf les personnages de films, mais ça c’est une autre histoire.

Donc voilà, yay, sortez le champagne, je suis une grande.