La musique, la religion, le cœur

Je ne suis pas croyante. Oh, j’ai eu ma période christiano-occulte crypto-mystique (J’ai lu au premier degré L’énigme sacrée. C’est aussi le moment où je me suis passionnée pour l’œuvre de Lovecraft, et que je me suis persuadée que le Necronomicon existait réellement. Et que je l’ai cherché.), et déiste (« Je crois en Dieu mais non en la religion » et j’ajoutais fièrement « comme Voltaire »).

Je suis maintenant complètement athée, voire anti-religion. Surtout en regard du christianisme : les Croisades, l’obscurantisme, le pouvoir et la richesse de l’Église, la culture de la culpabilité et du tabou du sexe, ce dernier allant de pair avec une misogynie qui prend ses racines bien loin (notons que les femmes au Moyen-Âge avaient un certain poids dans la vie sociale et politique, et que l’Église a tenté de diminuer ce poids, menant par la suite au mythe de la demoiselle en détresse), mais les autres ne sont pas mieux pour moi – l’Islam (« soumission à Dieu »… je refuse d’être soumise à qui/quoi que ce soit), le judaïsme, et là je ne parle que des religions du Livre, car ce sont celles que je connais le mieux. Mais toute religion, toute croyance, est pour moi une tentative de se rassurer, de se raccrocher à quelque chose – et je n’ai pas besoin de ça.

Mais… mais la musique… L’humain a souvent composé pour louer ses dieux. Et c’est beau. Parmi les plus beaux morceaux à mes oreille, plusieurs sont dédiés à Dieu, souvent le dieu des chrétiens, et ils me touchent profondément.

Par exemple, le Libera me de Fauré dont j’ai parlé tantôt : la mélodie du solo de baryton au début est sublime, profonde, et le texte, qui est une supplique de libération de l’âme après la mort (Libera me de morte eterna, libère-moi de la mort éternelle), est tellement fort ! Malgré le peu de cas que je fais des croyances/craintes de vie après la mort, je suis prise à la gorge à chaque fois. Et puis l’arrivée du chœur : Tremens, tremens », « je tremble, je tremble » et moi aussi je tremble, je frissonne, que je sois dans l’auditoire ou parmi les sopranos… (oui, j’ai eu la chance de chanter ce morceau, par deux fois, dans deux chorales différentes – la première fois c’était quasi par hasard et ça a été un coup de foudre)

Un autre morceau qui me touche, c’est Signore delle cime. C’est une chanson italienne assez prisée de chorales de « variété ». Déjà, l’air me prend aux tripes, et les paroles sont très belles. C’est une prière de montagnards pour l’un des leurs.

Dio del cielo, Signore delle cime, un nostro amico hai chiesto alla montagna. Ma Ti preghiamo, ma ti preghiamo: su nel paradiso, su nel paradiso, lascialo andare per le Tue montagne.

Dieu du ciel, Seigneur des cimes, tu as rappelé un de nos amis. Mais nous te prions : là-haut, au paradis, laisse-le cheminer à travers tes montagnes.

(note du 2 mars 2017 : la traduction est de julos13140 sur greatsong.net mais elle semble avoir disparu depuis)

Sans oublier les innombrables messes de J.S. Bach ! Même si la plupart étaient des commandes hebdomadaires, écrites probablement pour manger, cela n’en diminue pas leur beauté.

Tout ça pour dire que ce genre de musique me fait ressentir des choses « croyantes », à moi la mécréante, et que je me surprend à mettre la main sur le cœur en chantant un Alleluia. À noter que cela cesse dès la dernière note ;) et que de toute façon je préfère la vision de Dieu et Saint Pierre de Gobbo so pare !

Andar in Paradiso Trovar ono San Pietro Colla gobba davanti di dietro.

Ils gagnèrent le Paradis là ils trouvèrent Saint Pierre avec une bosse devant et derrière.