Ignorance is bliss

Je suis hypersensible. Depuis peut-être toujours. J’ai des souvenirs de sentiments extrêmement forts au lycée, à la fac. Des souvenirs de gens, de profs, qui m’ont dit « On n’ose pas te faire de reproches, parce que tu vas pleurer. ».

Je suis féministe (j’essaie d’être intersectionnelle). Depuis quelques mois. Et ça n’arrange pas ma sensibilité. Je vois beaucoup plus les problèmes de notre société : sexisme, racisme, classisme… Ça me fait mal. Ça me fait peur. Ça me met en colère. Et je ne peux pas ne plus voir.

Ignorance is bliss. J’aimerais pouvoir ignorer ce que je vois, ce que j’entends, ce qui me touche, ce que j’analyse. J’aimerais me construire une carapace qui me protège, qui fasse que je n’ai plus cette envie de fondre en larmes sans aucune raison. L’énervement est un déclencheur de cet état.

Dimanche dernier, journée chant dans ma chorale : « Ce serait beau s’il n’y avait pas les alti. » C’est une soprane, quelqu’un de mon groupe, qui a dit ça ; c’était probablement une blague, mais j’ai trouvé terriblement insultant. Je ne ris plus aux blagues méchantes.

Cette remarque a déclenché la première crise de larmes de la journée. La seconde, c’est quand certains choristes ont insisté pour faire une pause à onze heures alors qu’on avait – comme d’habitude… – commencé en retard. Ça n’a dans l’absolu aucune importance, mais j’étais déjà bien entamée niveau sensibilité. Et c’est dans l’accumulation d’agacement que se déclenchent mes crises. Et la troisième, je ne sais plus très bien, en répétition, ça râle, et quelqu’un me touche les cheveux. Bing, ça explose. Et j’ai préféré ne pas participer au concert, parce que je craignais de recommencer le soir.

Et le pire c’est qu’en fait je ne sais pas pourquoi ça va mal. J’ai identifié des déclencheurs, mais pas de raison.

Alors je cherche.

(oui, Enkimy, je vais essayer la méditation, promis :3 )